M. Gathier

On l’imaginerait volontiers ratisser sable et graviers d’un jardin Zen si, d’aventure, Alaleh Alamir, eût voulu figurer un espace. Or, c’est davantage à l’expérience d’un temps nomade que s’attache l’artiste, ramenant à la surface de la Galerie Depardieu, des fragments de vie déclinés dans une grande variété de supports : sculptures organiques de plâtre et de résine, dessins, photographies, gravures… Mais ces moyens ne sont jamais prétexte à une narration biographique ; au contraire, l’artiste s’efface dans le monde végétal – parfois absorbé dans une gangue minérale – dans un jeu d’apparition et de disparition. Car il y a de la légèreté, de l’humilité dans ce geste quand elle parvient à saisir ce “presque rien” au terme d’une approche quasi mystique d’une nature autant effleurée que vénérée. L’émotion est transmise de ce monde à peine éclos, trouble, où la couleur peine à sourdre. Et de ce rituel, quand le regard se force au silence face à tant de grâce, à tant de maîtrise dans l’élaboration de l’objet. Pourtant le travail de l’artiste disparaît tellement les figures, incertaines, semblent, naturellement, naître de leur support. De la poésie, une écriture du sensible. C’est tellement précieux dans l’art d’aujourd’hui !



Michel Gathier, 2015 in “Art de Nice”