D’où venons-nous ?, que sommes-nous ?, où allons-nous ? Gauguin, 1897
Yves Michaud, dans une analyse assez violente et ironique, regrette que l’art aujourd’hui ” ne réunit plus les hommes autour d’une expérience sublime ” (1). Cela est en général exact, mais tout de même quelques artistes tentent encore, en solitaires, cette expérience en s’interrogeant à propos d’eux-mêmes, du monde, de sa maîtrise et de leur place dans celui-ci.
Alaleh Alamir pose toutes ces questions, d’abord avec une série d’autoportraits, avec la même inquiétude que Frida Kahlo, autoportraits quotidiens réalisés durant une période de neuf mois ; ensuite avec des séries de paysages – toujours un arbre – et des ciels, aussi quotidiens – éphémérides des humeurs instables du monde -; enfin avec une série de recherches de vibrations lumineuses à travers des installations aquatiques.
Ces séries parallèles affirment leur cohérence, non seulement d’un point de vue formel, par leur durée et la régularité de leur rythme, mais surtout par ce sentiment violent de quête de soi-même et de sens, triomphant du temps.
Jean-François Mozziconacci, 2005
Conservateur en chef du patrimoine (musées de France) pendant plus de vingt ans, avait été directeur régional des Affaires culturelles et directeur des musées de Nice. Il avait publié plus d’une centaine de catalogues accompagnant les expositions qu’il avait organisées.
(1) Yves Michaud, l’artiste et les commissaires, ed. Jacqueline Chambon, Paris, 1989, page 16c
Where Do We Come From? What Are We? Where Are We Going? Gauguin, 1897
Yves Michaud in a rather violent and ironical analysis regrets that nowadays art “no longer reunites mankind around a sublime experience”. This is generally true, but still a few solitary artists attempt the experiment inquiring about them selves, the world, its mastery or how they do fit into it.
Alaleh Alamir asks all of the above with a restlessness comparable to that of Frida Kahlo, be it thru a series of self-portraits painted on a daily basis during nine months; thru a series of landscapes – always the same tree – or a series of skies as if it were an ephemerid for the world’s unstable moods. To further her quest she then sets up aquatic installations, which explore light’s vibrations.
These series assert their coherency not only from a formal standpoint, because of an enduring and regulating rhythm, but especially from a feeling violent in its quest and triumphant over time.
Jean François Mozziconacci – 2005